Natures mortes est une suite d'images tirées de la vie quotidienne. En l'occurrence, il s'agit de photos prises sur le marché de la Croix-Rousse entre le moment où marchands et clients se retirent et celui où les agents de nettoyage arrivent pour faire place nette. Pendant ce court laps de temps, restent au sol ce dont plus personne ne veut : fruits et légumes abîmés, débris de fleurs, têtes de poissons et pattes de poulet.

Des rapprochements fortuits et éphémères donnent ainsi naissance à des images allégoriques, tragiques, poétiques ou pathétiques.

 

C'est un exercice du regard qui commence alors. Il s'agit de se laisser surprendre en déambulant au milieu de ces détritus épars, l'imaginaire en roue libre et l'œil aux aguets, par une scène, un tableau, où tous les éléments seront réunis pour former un résumé de notre condition humaine : jeunesse et décrépitude, beauté souillée, abondance gâchée, peur du vide et chair triste. Tout est là, qui gît sur le trottoir.